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Sous l'oeil de l'écorcheur
8 janvier 2013

Fleurs de feu

Je reviens d’un feu d’artifice. 

Je ne sais pas si c’est l’odeur de la poudre ou les coups de canon qui résonnent, mais ça m’a filé une envie d’étrangler des poussins. Des petits poussins, mignons, si possible. 

Ce n’était pas un feu d’artifice du 14 Juillet, qui aurait pu déclencher chez moi une désagréable mais bénigne et habituelle urticaire anarcho-antipatriotique. 

Non, c’était un feu d’artifice comme ça, pour rire et pour du beurre, tiré avec autant de sens qu’un obus sur la bande de Gaza. C’était la fête, les coups de tonnerre étaient en couleur, les sourires aussi, et il y avait même, tout à côté, une fête foraine, avec ses odeurs de techno et ses sons de barbe a papa, ou l’inverse, ça dépend du sens du looping. 

Et tout aurait pu bien se passer, si la plèbe des alentours et même d’un peu plus loin n’avait pas eu la même idée que moi, en usant d’un petit bout de son congé payé pour venir montrer un peu sa couenne rosie au soleil de Flots-les-bains et sa bonne humeur dominicale (car c’était un lundi) d’être encore vivant, en ces temps de fin du monde et de diesel à 1,40 le litre.

Elle est pénible, la plèbe, à toujours me suivre là où je vais. Elle prend de la place, elle pue, et elle parle fort et souvent. Et comment voulez vous qu’elle ne me gâche pas un spectacle sonore et céleste, alors qu’elle ne peut pas se retenir d’exprimer à voix  haute des pensées terre à terre ?

Le fond musical de ce petit divertissement, c’était Scorpions, ce groupe allemand des années 80, avec des arrangements musicaux plus kitsch qu’une déco de Noël La Foirefouille. Ce groupe chante en anglais. Peut être parce qu’ils ont vite compris que le bruit de machine-outil de la langue teutonne n’était pas, disons, twist. Peut être est-ce le dernier sursaut d’un orgueil germanique qui leur a dicté de faire honte à Shakespeare plutôt qu’a Goethe, lui qui savait si bien faire sonner les mots. Toujours est-il que je trouve qu’il devrait y avoir une loi selon laquelle tout slow dansé sur “Still loving you” entrainerait automatiquement la castration des intéressés et une amende de 11 euros. 

Alors, après, tu m’étonnes, si la plèbe est une cone. Parce que, que ce soit la musique ou autre chose, ce feu d’artifice, si haut dans le ciel qu’il fut, n’a pas eu l’air de vouloir conduire beaucoup d’âmes et d’esprits vers une quelconque forme d’ascension. 

Mais après tout, c’est, historiquement, le rôle du balai pyrotechnique. Implanté en France pour célébrer les noces d’Anne d’Autriche et de Louis XIII, il n’a pas évolué beaucoup : résolument vissés à la terre, les imbéciles s’émerveillent de ce qui brille et éclate un peu plus haut qu’eux même. 

 Pour paraphraser Montaigne, le feu d’artifice n’est qu’un petit monarque : enorgueilli des quelques centimètres en plus de son trône par rapport au tabouret du peuple asservi par l’admiration, il n’est, en définitive, assis que sur son cul. 

La seule détonation colorée qui me ferait vraiment plaisir, c’est celle de mon pétoire de clown braqué vos tronches, bande de cons.

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